EDAFOLOGIA, Vol. 11 (3), pp. 267-274, 2004


LA MEMOIRE DES FORETS: LES PRATIQUES AGRICOLES PASSEES ONT UN IMPACT IRREVERSIBLE SUR LA BIODIVERSITE DES FORETS


E. DAMBRINE; J. L. DUPOUEY

INRA Nancy

 


Résumé

On presentent plusieurs examples de l’influence des activités agricoles anciennes dans fo- rêts actuelles bien developpés et beaucoup de fois considereés forêts naturelles. Cette “mémoire” réside dans les transformations profondes que les sols forestiers ont subies lors de la phase agricole et dans le fai- ble pouvoir de colonisation des espèces de forêts anciennes. La biodiversité forestière actuelle résulte donc en grande partie, pour sa composante végétale du moins, de l'histoire des usages anciens. L’archéologie fo- restière, en développement en France, va permettre de préciser l’ampleur de ces déboisements du début de l’ère chrétienne. Pour les périodes plus récentes, de nombreux fonds cartographiques du XVIIIème siècle n’ont fait encore l’objet d’aucune valorisation. Les outils informatiques devraient nous permettre, à partir du cadastre Napoléonien, de dresser progressivement un état des lieux précis des forêts à l’orée de l’ère in- dustrielle. Mais l’enjeu scientifique majeur reste la compréhension exacte des mécanismes biologiques du maintien de cette mémoire des écosystèmes forestiers, et d’autres outils que ceux jusqu’à présent utilisés se- ront nécessaire. Enfin, la connaissance de la végétation forestière pourrait constituer un outil d’investigation archéologique prometteur.